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Vogue, vogue mon joli bateau


La maison que l'on habitait appartenait à la compagnie Abittibi-Price, compagnie pour laquelle mon père travaillait comme comptable. Elle était située à quelques mètres du quai où accostait le Roberval. ( remorqueur de pitounes de bois ) La fin de semaine le bateau faisait escale au quai.

J'adorais me sauver de la maison en douce pour aller à bord du bateau, je filais dans la salle des machines pour aider Oscar qui en faisait l'entretien. J'avais un petit tabouret, juste pour moi, que j'installais sagement près d'Oscar, sans nuire à son espace nécessaire pour bien faire son travaille. C'était avec une patience d'ange qu'il m'expliquait ce qu'il faisait, me nommait les noms des instruments et leur fonction. Ce que j'aimais le plus, c'est quand il demandait mon assistance pour lui donner les outils dont il avait besoin. Il me disait « Je suis moins fatigué le soir quand tu m'aides». Je me sentais si important et fier en ces moments-là. C'est l'un de mes plus beaux souvenirs.

Ensuite, je remontais à la cuisine, piquer une petite jasette avec le cuisinier. Il me montait sur le comptoir et me servait une gâterie. Il connaissait bien mes préférences: gâteau au chocolat, tarte aux bleuets et uniquement son sucre à la crème, y'en n'avait pas de meilleur que le sien.

Après ce petit goûter, je montais au poste de pilotage voir le capitaine qui écoutait la radio de la compagnie afin de savoir la météo du lundi, les embâcles de pitounes sur le lac. Il me racontait des histoires farfelues que je croyais dur comme fer. Cela le faisait bien rire d'ailleurs.

Je connaissais tous les recoins du Roberval. J'y ai même navigué avec ma mère pendant quelques jours, c'était la réalisation d'un rêve d'enfant. Mais aussi l'une de mes plus grandes déceptions. Le week-end suivant notre sortie en bateau, j'avais dit au capitaine que mon expérience de navigation avait été une vraie révélation pour moi. « Quand je serai grand, je vais être un capitaine comme vous». Un grand rire sonore suivi de « cela me surprendrait beaucoup petite, les filles ne deviennent pas des capitaines de bateau, c'est pour les garçons.»

Je me souviens très bien avoir rentré à la maison en pleurant. Je ne comprenais pas trop bien pourquoi la conduite des hommes que j'admirais, qui m'inspirais, à qui j'aspirais ressemblé un jour était mauvais genre. Il y a des moments comme celui-là qui venait d'engloutir mon présent et mon futur de mon être. Ce beau rêve d'avenir venait de s'envoler avec les brumes du soir sur la rivière Péribonka

Mon emblème

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