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Histoire de toilette… Une blague à ne pas faire!


Pour ma part, les toilettes pour hommes sont pires que la maison des horreurs. Pour dire vrai, à l'époque de cette histoire, j'étais entre deux sexes. J'avais commencé l'hormonothérapie que depuis six mois. La moitié du temps les gens m'identifiaient comme femme et l'autre moitié prenaient la chance de dire monsieur. Je ne savais jamais à quoi m'attendre.

Généralement, j'évitais les toilettes publiques, je me retenais jusqu'au retour à la maison. Je préférais faire de courtes sorties pour échapper à ce tracas. Le seul endroit où je n'avais pas ce genre d'ennui, c'était au travail, les toilettes n'avaient pas de pictogrammes genrés, on y lisait toilette sur la porte et elles étaient individuelles.

Sur une invitation d'une bonne collègue de travail pour le cinéma que j'accepte, parce que je l'aimais beaucoup, elle était une alliée précieuse dans ma transition au bureau. À la sortie du cinéma, elle me propose d'aller prendre une bière au bar. Pour vous dire à quel point les toilettes étaient une obsession, dans ma tête le déclic se fait instantanément.

BIÈRE=PIPI

« Non, je vais entrer, je n'ai pas le goût de bière en ce moment, une autre fois si tu veux bien. »

« Allez, ça ne va pas de faire mourir pour une fois, tu ne sors jamais, ça va te faire du bien.»

Je finis par me résigner à sa demande en me disant que je vais pouvoir me retenir facilement pour une bière.

« D'accord, mais seulement une bière, après je rentre. »

« Oui, oui d'accord. »

Une bière et puis une autre qu'elle me paye en insistant. « Promis après, on rentre »

Je ne pouvais plus me retenir, je me lève, mon amie a ma suite. Voyant que j'hésitais dans quelle toilette j'allais entrer, elle me lance à la blague « les jeunes garçons vont dans les cabines des toilettes pour les homme. »

J'avais l'habitude de ce genre de blagues entre nous dans l'intimité de notre amitié, c'est la première fois qu'elle en échappait une en public.

Donc, en prenant mon courage a deux mains, j'entre dans les toilettes des hommes avec deux hommes à ma suite. Je regrette déjà cette impulsion, je me précipite dans la première cabine du bord en priant pour que ces deux hommes n'aient pas entendu la blague idiote de mon amie. Je l'haïssais tellement en ce moment de malaise. J'ai attendu que les gars sortent pour en ressortir et rejoindre mon amie.

11h30 à peine trente minutes après l'incident, nous quittons le bar. À peine à quelques pas de la ruelle où étais stationné la voiture, on entend « aie! les gouines, on a un p'tit quéque chose pour vous. » Les deux gars des toilettes étaient très, très près de nous et très intoxiqués par l'alcool. Nous avions beau presser le pas, en rien de temps les gars nous avaient rattrapées. Ils nous bousculent dans un coin sombre d'un immeuble. L'un retient mon amie tandis que l'autre me plaque violemment contre le mur en me disant « tu es une belle salope, tu veux te faire passer pour un gars, ben je vais te montrer c'est quoi qu'un vrai gars fait avec des gouines de ta sorte.» Il essayait d'enlever mon pantalon. Il était clair que son but était de me violer, moi qui n'ait jamais eue de relation sexuelle avec un homme. J'avais si peur que j'étais paralysée, sans défense. De toute manière le gars était beaucoup trop fort pour mes forces. L'autre dit à mon amie « ouais, je vais te faire goûter à quoi ça goûte un vrai gars que t'en voudra plus de ta gouines. »

À part quelques voitures qui passaient, la ruelle était déserte. Enfin, une voiture qui roule trop vite dans la zone de 50 km suivi d'un char de police qui allume ses flash pour immobiliser le chauffard.

Les gars savaient que nous allions surement criées au secours au policier. Ils ont déguerpis à toute vitesse. Nous avons fait une déclaration de l'agression au policier. Ils n'ont pas encore retrouvés les agresseurs.

Nous avons eu la peur de notre vie.

La morale de cette histoire. Si vous connaissez une personne trans et vous l'accompagner dans des lieux publics, attention à la façon dont vous vous adresser à cette personne. Employez toujours le bon prénom et pronom qu'elle vous indique. Ne faites pas de mauvaises blagues en public sur sa transitude même si dans votre intimité elle vous le permet. Ne forcez pas une personne trans à vous accompagner dans des lieux où elle ne se sent pas prête à fréquenter. Ne forcez pas cette personne à franchir plus rapidement des obstacles ( toilette, habillement, fréquenter des gymnases, piscine, évènement de grosse foule ect ) si elle n'est pas rendue à cette étape dans sa transition.

Je sais vous voulez bien faire, je n'en doute pas. Vous voulez aider son épanouissement social parce que vous aimez cette personne, vous voulez veiller qu'elle ne s'isole pas, c'est très bien de votre part. Mais, vos bons sentiments à notre égard met nos vies en danger et peut-être la vôtre aussi. Seule la personne transgenre sait ce qui est bon pour elle, seulement la personne sait quand il est temps de franchir les obstacles et de quelle manière elle veut si prendre. Soyez assurer que cette personne s'aventurera quand elle aura la force et la conviction de pouvoir la franchir en toute sécurité. Si elle a besoin de vous, son allié, soyez sans crainte, elle saura vous trouver. Ne pensez surtout pas pour cette personne. Soyez prudent, je vous en supplie, aimez nous de la bonne façon, nous ne savons jamais à qui nous avons affaire en société.

Ceci est un témoignage que j'ai reçu dans mon courriel de la victime qui accepte que je publie dans ce blogue. L'évènement sait produit dans une ruelle du centre-ville de Trois-Rivières le 4 mai 2018...


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