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Une réalité qui frappe plus durement encore...


Au décès de ma mère en février 2015, au salon funéraire, j'étais le premier de la file familiale à recevoir les sympathies des gens...

Les familles Gagnon et Desbiens sont toutes deux bien connues… Ma mère a fait les classes à presque tout le village… Vous comprendrez que tout le monde ici à St-Honoré sont au courant que Madeleine et Adrien n'ont qu'un seul fils et qu'une seule fille...

Certains me donnaient la main avec un: « mes sympathies monsieur » platonique sans me poser de questions… D'autres plus curieux, me demandaient mon lien avec la famille: « je suis Samuel, le chum de C. »

Comme beaucoup savaient que C. était divorcée, ce petit leurre passait bien… Ce n'était pas le lieu, ni le moment de faire un coming-out… Le stress était déjà à son comble...

Je me suis rapidement senti pas très à ma place dans la file, le malaise étant trop grand, je me suis défilé en douce pendant la première prière… Malgré le froid mordant de cette soirée, je préférais gelé ma peine et grelotter mon mal de réconfort en ce moment de douloureuse perte… Ce sentiment de ne pas être légitime de cette peine immense, trop lourd pour mon coeur seul, une réalité qui venait me frapper durement...

De retour à la maison, mon père me raconta que plusieurs personnes étaient venues le voir pour demander si C. était là, ils désiraient la saluer. « Je pointais le fond du salon en disant que je t'avais vu là il y a à peine quelques minutes, elle se promène. » me dit-il...

Évidemment, personne ne me trouvait, je n'étais pas reconnaissable dans mon costume-cravate, j'étais pourtant là tel un fantôme… J'étais qu'un inconnu parmi les gens que je connaissais très très bien...

Mon père, mon frère, les membres de ma famille, ne m'ont pas trahi...

Cette expérience en fut une des plus douloureuses de mon existence trans… Je devenais à nouveau orphelin de mère, je suis adopté, je vous le rappelle et à la fois de mon patelin...

Ça fait mal! Une partie de moi venait de mourir avec ma mère, elle a amenée C. dans sa tombe…

Ça fait mal! Soudainement, je réalisais qu'une fois mon père décédé plus personne n'évoquerait l'existence de C. Les gens finissent par vous oublier… Va rester mon frère, mais le lien n'est pas très tissé serrer...

Je constate à quel point comme un coup de poing au visage que je suis isolé… En deuil d'une mère et de gens que j'aimais tout autant...

Un dur enterrement de l'ancienne vie qui m'a affecté longtemps...

Pourtant, n'étais-ce pas ce que je voulais?

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