Pour moi, l'école parfaite, est celle où il n'y a pas d'enfants du tout.
6 ans, c'est la rentrée scolaire, j'étais anxieux sur le bord de la route en attendant le gros autobus jaune qui allait m'ingurgiter pour me régurgiter vers l'inconnu. J'avais peur de faire la rencontre de mes nouveaux camarades de classe. Pour la première fois, je me suis perçu comme différent des autres enfants de mon âge, pas physiquement bien entendu, intérieurement j'étais distinct des copains.
La récré, la période de la journée qui me procurait le plus d'angoisse, j'en avais mal au ventre et des nausées. Les garçons qui jouaient au ballon-chasseur et aux billes d'un côté et de l'autre côté les filles qui s'amusaient à la marelle et à la corde à sauter.
Moi, j'allais rejoindre ma mère qui marchait avec les autres professeurs. Les garçons refusaient de m'inclure dans leur équipe parce que j'étais une fille, pis les jeux de fille ne me disaient rien.
Ma mère me repoussait parfois en me disant d'aller rejoindre les filles « va te faire de nouvelles copines » me disait-elle. Contre mon gré, j'allais me piquer devant elles et je les regardais sauter partout. Quand la cloche sonnait la fin de la récré, j'étais le premier à prendre mon rang bien sagement, la torture pour la journée prenait fin.
Plus les semaines avançaient et plus mon anxiété grandissait, je vomissais presque toujours quelques minutes avant la cloche annonçant la récré. J'en avais assez de ce régime, un soir, j'ai demandé à ma mère si je pouvais amener le vieux gant de baseball de mon frère le lendemain à l'école pour lancer la balle au mur. Ma mère « pourquoi tu joues pas avec les autres » « parce que j'aime ça lancer la balle au mur et la rattraper avec le gant, c'est mon jeu préféré, dit oui maman» « ben oui, c'est correct» me dit-elle. «HOURRA». Elle venait de m'enlever cent livres de sur les épaules. Les jours suivants, je vois un garçon arrivé avec un gant de baseball, il s'appelait Bernard, il se joint à moi. C'est devenu mon meilleur ami. Plus tard dans ma vie, je vais apprendre que Bernard est homosexuel. C'est peut- être nos différences qui nous a rapprochés. Aujourd'hui, j'ai encore des contacts avec lui et sa famille.