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La mémoire ne se congédie pas, elle commande de ne pas recommencer de Georges Balandier- à q


St-Honoré, le petit village de 1971 est entouré de rangs et en son cœur une dizaine de rues avec plus ou moins mille habitants.

C'est les vacances d'été, on rassemble le nécessaire pour aller vivre chez mes grands-parents, mon père commence ces fonctions à la compagnie Price et mes parents veulent être proches pour superviser la construction de la maison.

Le déménagement était prévu pour avant la rentrée des classes.

Y avait toute la parenté du côté de ma mère et celle de mon père à proximité. Donc pas besoin de se forcer à se faire des amis, y avait plein de cousins-cousines pour jouer dehors. Ça faisait bien mon affaire, c'était au moins ça de gagner.

Maman avait obtenu un poste d'enseignante de cinquième année, elle était contente et moi aussi, ça me rassurait de savoir que ma mère ne serait pas loin. Encore mes angoisses de l'inconnu.

Ma grand-mère avait une petite chienne, une poméranienne qui s'appelait pichou, toute blanche et elle mâchait de la gomme, qu'elle n'envalait pas. Ma grand-mère lui avait donné cette habitude à cause de sa mauvaise haleine. Pichou abandonnait sa gomme sur le plancher quand elle en avait assez. Je trouvais cette petite chienne très amusante, je pouvais lui donner une chiquée plusieurs fois par jour et je trouvais ça toujours aussi rigolo les grimaces qu'elle faisait en mastiquant. J'épuisais la réserve de gomme de mamie à une vitesse folle.

« Bon, me disait grand-mère, c'est bien beau cette nouvelle amitié avec Pichou mais faudrait bien mettre le nez dehors». J'ai pris ma bicyclette pour aller explorer un monde mystérieux, j'étais dans ma tête un genre de grand explorateur qui cherchait des trésors enfouis. J'ai découvert au bout de ma rue un petit chemin qui menait vers un petit boisé, je m'y suis aventuré, de chaque côté il y avait un champ de bleuets et tout au bout un petit ruisseau. Je vais surement y revenir souvent que je m'étais dit, ça me rappelait un peu mon Péribonka.

J'avais une petite voiturette comme celle de l'image que j'attachais à ma bicyclette, j'enlignais la collection de poupées de mamie sur le trottoir et je devenais un chauffeur d'autobus ou de taxi.

Avec les cousins-cousines, on allait jouer derrière la maison à la canisse bottée. Mon jeu préféré avec les cousins, c'est lorsqu'on jouait aux cow-boys, deux d'entre nous étaient les shérifs et les autres les hors-la-loi. Les hors-la-loi se cavalaient à bicyclette( nos chevaux) dans quelques rues que l'on délimitait d'avance, les shérifs patrouillaient pour capturer ces malfaiteurs de l'ouest. Quand on attrapait un terrible bandit on l'amenait dans le hangar de mon papy, notre prison.

Le soir après le bain, j'aimais bien emprunter une bande dessinée des super-héros de mon frère: Batman, Superman, Capitaine América, Zorro. Je m'amusais à personnifier ces héros. Vous ne pouvez pas imaginer combien de poupées j'ai pu sauver d'une chute mortelle pendue par les pieds dans ma garde-robe, sur le bord de ma bibliothèque qui représentait la fenêtre d'un gros édifice, sous mon lit qui symbolisait une maison détruite par un tremblement de terre. Je me couchais épuisé de tous ces sauvetages héroïques. Comme j'aimais ce jeu.

J'aimais beaucoup les dimanches quand les tantes et oncles venaient en visite. Les enfants, nous avions la permission de descendre au sous-sol, il était aménagé comme une maison: une table, un divan, une chambre, une cuisinette, une salle de bain. Mes grands-parents avaient déjà eu des prêtres pensionnaires. On jouait au papa et maman, moi je sautais toujours sur le rôle du papa ou du grand frère. Personne s'objectait et ça me faisant bien plaisir.

Parfois, quand tout le monde était trop occupé à autre chose, j'allais chez tante Anne-Marie, au bout de ma rue. Elle avait une pension pour aînés. J'allais jouer aux cartes, ou me bercer sur la terrasse et écouter des histoires du bon vieux temps. On me gâtait avec des bonbons, des chips et de la liqueur.

Ma première été ce passe assez bien, je ne pense pas trop à l'école, cela viendra bien assez vite.

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