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Qui a eu cette idée folle un jour d'inventer l'école?


Septembre 1971- Me voilà sur le chemin de l'école, ce matin au réveille ma phobie scolaire est venue se poindre au creux de mon estomac. Je me représente les portes de l'école comme une grande gueule qui va me gober, puis se refermer sur moi comme une prison.

Encore cette épreuve de la coexistence avec de parfaits inconnus, être blairé puis rejeté, me retrouver seul dans mon petit coin à la récré, me loger au fond de la classe et me faire le plus invisible possible.

Ce n'est pas très gratifiant la solitude scolaire, de plus, j'ai remis ma peau de fille qui m'étouffe et me procure un malaise de l'être.

Sur mes pas lents qui me mènent à l'école, je traînasse, j'ai une forte envie de faire demi-tour et aller me réfugier dans ma chambre avec mes super-héros. C'est une séparation douloureuse, je me sens si bien dans la peau d'un personnage masculin. Je ne sais pas trop pourquoi, à ce moment-ci de ma vie, cela est si important. J'ai déjà hâte à la fin de la journée pour retrouver mes précieux copains.

J'arrive en retardataire, tous les enfants sont déjà en rang devant leur nouveau professeur, prêt à rentrer. Ma mère se précipite vers moi, l'inquiétude se lisait sur son visage. Pas le temps pour les explications, elle me dirige vers mon rang. Devant moi, mon enseignante de deuxième année, une toute petite religieuse.

Tous les élèves se dirigent vers leur classe, c'est une cacophonie de voix, de rire et de chanson. Je demeure silencieux, je n'ai pas le goût à la fête, je retiens mes larmes pour ne pas pleurer.

Dans la classe, pas moyen de se choisir une place, nos noms sont déjà collés sur nos pupitres par ordre alphabétique, D c'est dans les premières rangées. Adieu petit coin discret. Après les salutations, c'est la petite prière du matin et un chant au petit Jésus, fallait pas s'attendre à autre chose d'une sœur ( rire ). Pour la suite, elle nous distribue à chacun un bonbon citron-miel. « C'est pour vous adoucir la gorge après le chant», disait-elle. C'était comme ça a chaque matin.

« Maintenant, dit-elle, chacun de vous aller vous présenter et raconter ses vacances».

Mon tour venue, ça c'est plutôt résumé à « j'ai déménagé et j'ai joué dehors.» Même si ma sœur insistait pour plus de précisions, ma réponse demeurait du même style « beaucoup de choses».

À la récré, quel fût pas ma surprise, le professeur d'éducation physique apprenait aux filles des trucs d'auto-défense. À moi, ça me plaisait bien, je me suis tout de suite vu être un de ces grands lutteurs à la télé du dimanche après-midi, que j'écoutais religieusement avec mon père: Les frères Rougeau, Maurice Vachon, Édouard Carpentier, Dino Bravo, Gino Brito. Mon père ça l'amusait, il disait « c'est truqué, faut pas croire à ça». Peut- être mais moi je voulais être aussi fort!

 

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