Les vrais amis t’aiment pour ce que tu es et non pour ce qu'ils veulent que tu sois.
Je ne crois pas au hasard. Le terrain se prépare patiemment en nous, où fleuriront les décisions et les rencontres, et un jour tout est prêt pour un changement que certains, à tort, qualifient de brutal ou de miraculeux. On rencontre une idée ou un être comme on se rencontre soi-même. Janine Boissard , Vous verrez...vous m'aimerez, édition Livre de Poche, 1987
En septembre 1975, je refais ma deuxième entrée en classe de sixième année. Ma mère préfère me laisser doubler pour me renforcir dans mes difficultés d'apprentissage. Pour dire, si cela me faisait quelque chose, pas vraiment. Sinon, me donner un peu plus confiance en moi. Je me disais, je vais être un des meilleurs, je connais déjà la matière. J'étais triste pour une seule chose, les cousins de mon âge avec qui je m'amusais, passaient au secondaire. J'avais l'intuition que ça ne serait plus tout à fait la même relation entre nous, ils allaient passer à autre chose.
Au début de l'été de cette même année, derrière chez nous, se bâtissaient plusieurs maisons. Le petit village de St-Honoré grandissait. J'allais à bicyclette voir souvent l'évolution des constructions, je trouvais fascinant, la rapidité dont les maisons changeaient.
Un après-midi que je me rendais faire mon inspection, une fille sur sa bicyclette, vient à ma rencontre: « salut, je m'appelle Christine Deschenes ». « salut » « c'est quoi ton nom? » « Chantal ». Elle me pointe sa maison en me disant: « c'est notre nouvelle maison, on déménage en août, j'ai hâte. Toi tu habites où ? » « là, juste l'autre rue en face » « super, on va pouvoir être des amies, je connais personne ici »
En rentrant chez moi, j'étais content d'avoir rencontré Christine, elle était gentille. Une chance qu'elle m'a parlée, je n'aurais jamais fait la première approche, je suis trop timide. Elle ne venait pas tous les jours au village, seulement les fins de semaine. Ses parents était infirmier-infirmière à l'hôpital de Chicoutimi. Je me suis surpris à avoir hâte de la revoir au week-end prochain. Aussitôt arriver le samedi, elle traversait le champ pour me voir. Alors, je m'improvisais guide touristique. Une tournée des rues, pour voir où est notre école en passant par le terrain de baseball. Puis direction vers l'emplacement de la patinoire, pour finir, je lui fais découvrir mon petit lieu secret, près de la bleuetière sauvage, et au bout du chemin mon beau ruisseau. Nous avons joué dans l'eau et avons beaucoup ri. Ça fait longtemps, que je n'ai pas autant rit, ça fait du bien. Je n'avais jamais amené quelqu'un près de mon ruisseau. Quand je m'y rendais, j'y allais seul. Si quelqu'un occupait la place, je m'en retournais.
Il y avait quelque chose, chez cette fille, qui me faisait me sentir bien. Je ne pouvais pas le décrire. Pour une fois, je me sentais accepter, je n'avais pas cette peur du rejet, et je n'arrivais pas à me l'expliquer. Pourquoi essayer de comprendre? Je voulais juste en profiter.
Nous étions comme deux sœurs siamoises, inséparables. Elle m'aidait aux devoirs, ce n'était pas une bolée mais elle était supérieure à moi, elle était patiente et ne se moquait pas de moi. Mon français et les mathématiques progressent assez bien. Nos parents, nous permettaient de passer la nuit du samedi chez l'une ou l'autre, c'était GÉNIAL. Christine avait un réel talent naturel en dessin, moi je griffonnais tout au plus, mes dessins étaient plats sans vie et sans dimension. Elle m'a montré quelques trucs et mes dessins se sont rapidement améliorés avec la pratique. J'étais ravi de ces leçons, je venais de découvrir un autre façon d'exprimer mon ressenti intérieur avec les traits d'un crayon.
Après avoir fait quelques croquis, je les montre à Christine. Je le vois dans son visage qui se plisse un peu, elle les trouve bizarres. « Qu'est-ce que c'est? » « je ne sais pas, c'est quelque chose que je ressens en dedans de moi ». Elle examine en détail mes dessins sans dire un mot, elle finit par rompre ce silence embarrassant en disant: « Je comprends ». Je ne sais pas ce qu'elle a compris, elle ne me la pas dit, et je n'ai pas demandé. Sans doute par peur de ce qu'elle pensait. Je n'avais pas le courage de lui manifester mon existence double, j'avais trop peur que notre amitié se rompe pour cette raison. Ça me faisait juste du bien qu'elle me dise comprendre, cela me suffisait pour ce moment.
Extrait de mon journal intime
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