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Si ce n'est pas une fille, ce sera un garçon, dit le devin.


Mes parents se sont comportés différemment dans l'éducation de mon frère, la culture sociale des rôles homme-femme en est la responsable, elle était imprégnée dans mes parents. Nous étions loin de la nouvelle pensée de l'éducation unisexe, que tentent certains parents d'aujourd'hui. Sans être conscients les parents de toutes générations insèrent dans le cerveau de leurs enfants les tabous véhiculés au sein de notre société.

Je décrirais la différence d'éducation reçue entre mon frère et moi comme un cul-de-sac sur l'égalité du droit de l'être.

Ma mère un jour m'a fait la critique: « Tu es jalouse de ton frère, pourtant on vous traite de façon égale. »

Elle avait raison, j'étais jaloux de mon frère. Eh! non, elle avait tort, nous étions éloignés sur le plan égalitaire.

J'ai commencé très tôt à ressentir cette inégalité de l'être et d'en souffrir. La jalousie s'est renchérie à la préadolescence , l'âge des interdits imposables aux filles seulement: 1- ne pas sortir seule le soir, c'est dangereux pour une jeune fille. 2- Il n'est pas recommandé pour une fille, d'être seule dans un gang de garçons. 3- Une fille a besoin d'être protégée, elle ne peut se défendre physiquement seule, etc.

C'était assez moche d'endurer tout ça, comment ne pas être envieux de mon frère qui jouissait de tous les privilèges, qui pouvait exprimer l'être sans limites, comment ne pas penser que c'est beaucoup mieux d'être un garçon.

S'il y avait une chose qui me répugnais entendre c'était: « tu vas devenir une belle femme, tu vas te marier et avoir de beaux enfants. »

Si j'analyse la tranche d'âge entre mes 6 et 10 ans, j'imitais, loin des regards, les comportements masculins. Tant qu'à la valorisation féminine, cela demeurait le fantasme de ma mère. Mes premiers modèles sont des héros d'enfance masculins. L'obligation de m'accoler aux normes sociales me procurait un malaise profond.

Je pratiquais les arts martiaux depuis le début du secondaire trois fois par semaine. J'avais développé un esprit assez compétitif, je me défendais très bien, même avec les garçons. Mes parents ne sont jamais venus me voir en compétition, je crois que pour mes parents les arts martiaux semblaient plus un loisir que l'art du combat.

J'avais déjà demandé à ma mère pourquoi elle était si sévère avec moi sur ma liberté de sortir seul: « parce qu'une fille est moins forte qu'un garçon, elle est donc plus vulnérable, elle est une proie en quelque sorte. »

Si mes parents étaient venus voir une seule de mes compétitions, ils auraient compris que je pouvais me défendre. Sous mon enveloppe frêle, je n'étais pas si doux, émotif et faible qu'ils le pensaient.

Extrait de mon journal intime.

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