L'effet des vêtements.
C'est fou comme les vêtements viennent influencer nos comportements et notre bien-être, c'est une enveloppe par-dessus notre corps qui nous donne assurance et audace socialement. Quand on est une personne trans en transition ou non, la confiance en soi est une formule gagnante.
Le port de vêtements masculins a eu des impacts négatifs. Encore une fois, pour un troisième baptême le surnom: " la garçonne pas de bite " va faire un tabac dans l'école. J'avoue que l'appellation " garçonne " ne me chiffonne pas, bien au contraire il est doux à mes oreilles. Je me plais à penser que dans ce titre, les auteurs valident malgré eux, le gars que je suis. En quelque sorte c'est une petite victoire pour moi. C'est loin de me décourager.
C'était début juin, un printemps exceptionnel il faisait déjà chaud. Je m'étais endormi sur l'herbe dans un petit coin tranquille derrière l'école. Une bande, qui jouait les terreurs m'ont aperçu, ils se sont approchés et pour faire les drôles ont pissé sur moi en riant. Bien évidemment je me suis relevé d'un bond puis ils ont dit: " va donc te rhabillé en fille, tu pus. " et ils sont repartis gloussent de fierté. Je n'ai pas retourné en classe, je n'avais pas mes vêtements de sport pour me changer, ce n'était pas jour d'éducation physique. J'ai attendu que ça sèche au soleil.
Le second impact fut quand j'ai fini mon secondaire cinq à l'école des adultes. Pour le bal de finissants j'avais décidé que je portais un habit-cravate avec un pantalon noir. Quand vient le temps de prendre la photo pour l'album de finissant, je viens m'asseoir sur le tabouret à mon tour venue. Le photographe me regarde avec un sourire un peu niais: " mademoiselle, vous devriez aller vous changez. " " Et pourquoi donc, monsieur. " " Vous êtes une fille ou un garçon? ( rire des autres étudiants ) " " Vous êtes payé pour prendre des photos par pour savoir si je suis une fille ou pas, faites donc votre travail. "
Savez-vous quoi? J'ai bien reçu ma photo par le photographe, mais la direction avait seulement mis mon prénom et nom dans l'album sans la photo. Je m'en foutais royalement de leur album. Je ne l'ai pas acheté.
Je suis allé au bal accompagné de ma blonde, ce qui en a surpris quelques-uns, j'ai eu droit à des regards désapprobateurs de la part de mes professeurs, sauf un, mon prof de français qui était homosexuel. Je le savais parce que je l'avais rencontré dans un bar gay.
À la remise des diplômes, on ne m'a même pas serré la main, on m'a plutôt rapidement reconduit en dehors de l'estrade. Merci, bonsoir. M'enfin, je avais aucun regret, j'aurais eu l'air encore plus ridicule avec une robe longue, des talons hauts.
Les vêtements parlent pour nous, de nous, de nos désirs. Il fait partie de nous, il est un moyen d'expression de soi, on l'occupe, c'est notre seconde peau. Par le vêtement nous exprimons l'être que nous sommes aux autres. Il est notre reflet intérieur.
Dans mon cas, me vêtir masculin me permettais d'être autre chose qu'un acteur, me légitimait. Je devenais plus réel, je cessais d'être autrement qu'un personnage que je jouais dans mon enfance.
Pour l'adolescent que j'étais et pour l'adulte que je suis devenu, certains vêtements masculins camouflaient les partis de mon corps féminin.
Avec le temps mon entourage s'est habitué à mon style garçonnier. Il n'y avait que ma mère qui parfois me faisait la remarque qu'elle aimerait me voir plus féminine.
Extrait de mon journal personnel
Salutation chers lecteurs, chères lectrices, au plaisir de vous revoir bientôt!