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«  La chance s’attrape par les cheveux, mais elle est chauve. »Stendhal


Septembre 1979, je rentre à Laure-Conan pour apprendre le métier de coiffeur. La première année touche deux volets, l'esthétique et la coiffure. Bon, ça commence mal, je sens déjà les conflits que je vais devoir essuyer.

Première journée de classe, déjà que je me suis levé peu enthousiasme, j'apprends que le code vestimentaire OBLIGATOIRE, est le blanc. BEURK! Si vous voulez savoir pourquoi je n'aime pas le blanc. Bien, c'est d'ici que ça vient. Jupe blanche, blouse blanche et sarreau, souliers blancs. Premier conflit en vue. Il est recommandé d'être maquillé tous les jours. Deuxième conflit qui va faire une bombe. Bon, là je voulais fuir.

Je pouvais vivre avec l'idée d'être en blanc, mais la jupe c'était trop me demandé, ce sera donc un pantalon. J'arrive en classe en pantalon, la professeure d'esthétique me dit sèchement: « Mlle, je vous suggère fortement d'arriver au prochain cours en jupe. » Et de lui répondre sur le même ton sec:« Non, personne ne va m'obliger à porter une jupe. » Première inscription de rébellion à mon dossier.

Vient le moment de la première pratique d'épilation des sourcils. On me désigne la personne qui serait jumelée. Très bien, je lui dis que c'est elle qui commence à être le modèle. Quand vient mon tour d'être modèle, le lève ma main et dit « madame choisissez un autre fille pour être son modèle, on ne touchera pas mes sourcils » « ce n'est pas comme ça que les choses fonctionnent, vous n'allez pas toujours faire selon votre bon vouloir » « d'accord, alors je pars » et je suis partie. Deuxième écart de conduite à mon dossier. « Une note disciplinaire de plus à votre dossier et c'est le renvoi, vos parents seront avertis par lettre de votre comportement. » me dit le directeur. Je ne pourrai pas dire que c'est le renvoi que je cherchais. En esthétique, ce n'était vraiment pas ma place, tant qu'à la coiffure, c'était pas si pire, avec des efforts j'aurais pu réussir. Je ne comprenais pas pourquoi, je devais entrer dans un moule de féminité absolue pour être un bon coiffeur. Il était évident que l'esthétique ne correspondait pas à ma personnalité.

Au retour des vacances de Noël, c'est le volet de l'épilation des jambes! OK, là on va avoir un gros, mais un très gros problème. Ma pilosité, c'était ma fierté masculine, la première qui va mettre une lisière de cire sur mes jambes, n'était pas encore né. Oui, je sais ça repousse, mais j'ai stoppé le massacre. Je venais d'accumuler la troisième coche mal taillé à mon dossier. Ma mère à reçu un appel à la fin des classes, le jour même. Comme on dit, ils n'ont pas traîné le problème longtemps. Nous étions convoqués ma mère et moi le lendemain 9 heures. « Mme Desbiens, nous nous voyons dans l'obligation de renvoyer votre fille. Elle ne collabore pas bien aux pratiques requises par la formation, elle démontre peu de dextérité évolutive en coiffure, elle refuse de participer comme modèle en esthétique, nous lui souhaitons de trouver une formation plus à sa mesure. » « Très bien, merci Monsieur. »

De retour dans la voiture, elle me dit: « que va-t-on faire de toi? » Je n'avais rien à répondre, j'aurai seulement voulu lui dire, que le problème était que je ne suis pas une fille. Que ce que l'on m'imposait me faisait souffrir. Mais les mots ne sortaient pas, ils restaient coincer dans ma gorge. Encore ce maudit sentiment de culpabilité de décevoir qui remonte à la surface.

extrait de mon journal intime

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