C'était encore l'époque où le fait d'être trans représentait un handicap social, une pre
Envisager de me marier à un homme me bouleversait, c'est le rêve de mes parents. Cela me faisait si peur, je me posais des tonnes de questions. Je doutais de ma capacité à vivre l'intimité au lit avec cet homme. Le mariage c'est pour la vie, c'est du sérieux. Mon futur époux, je le connais depuis mon enfance, c'est un bon gars, intelligent, serviable, travaillant, responsable, un bon chrétien, comme ma mère les aime. Je sais qu'il m'aime, de mon point de vue, je l'aime comme un pote aime son grand pote.
Le mariage voulait dire pour moi que j'acceptais de vivre dans le deuil de mon autre essence, mon essence première. C'était me demander un énorme sacrifice. Je devrai être dépendante de lui, c'est encore la mode de nos jours, c'est encore bien vu, la femme à la maison pour élever les enfants. Comment ne pas faire autrement, avec un secondaire 3 en poche, pas grand espoir d'indépendance. Mais je n'y échapperai pas, je n'ai pas la bravoure de décevoir à nouveau le rêve de mes parents.
Le 31 décembre 1982, c'est la noce, les invités clament notre bonheur en frappant leur coupe de vin en échange d'un baiser des supposés heureux mariés. Après le repas, je me retire dans les toilettes, j'ai longuement pleuré. Ma mère qui s'inquiéta de mon absence vint me rejoindre:« dis-moi ce qui se passe ma fille? » « Rien de bien grave maman, je suis seulement triste de penser que mon mari part le 2 janvier à son camp de recrue pour 12 semaines dans l'armée, j'ai peur de m'ennuyer ». La vérité était que je me culpabilisais, de ne pas avoir eu le courage de dire à mes parents, comment le fait de devoir me marier, pour bien paraître socialement, me rendait malheureux. Ce mariage étais un échec de vie, le renoncement du rêve du '' moi ''. J'aurais voulu mourir à cette instant même.
Je sais pour bien connaître celui que je viens d'épouser, qu'il pourrait rendre une femme heureuse, cette femme n'est pas moi, je n'en suis pas une.
Extrait de mon journal intime 1982
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