Pour en finir avec l'errance de l'être... 2009

Pour mettre fin à mon errance de l'être, je me devais de plonger dans le long processus de la réassignation sexuelle, ce long, très long voyage vers la découverte de qui je suis vraiment, cet être vibrant à l'intérieur de moi. Un travail titanesque sur moi-même, parsemé d'écueils et de deuils aussi douloureux que les précédents dans ma vie, je m'y attends.

Ce n'est pas une décision prise à la légère, j'espère cette transharmonisation depuis si longtemps. Je suis un homme, j'en ai la certitude, ce n'est pas juste le fruit de mon esprit tordu, comme certains pourraient le penser.

Aller au bout de ce projet architectural du corps pour l'harmoniser avec mon esprit de naissance masculine me demande du courage et de la détermination, puisqu'il me faudra faire face à la défendue différence et aux tabous perdurables de cette société.

Je me prépare déjà mentalement à de solides débats familiaux, avec mes amis et collègues au travail. Je me motive à me coltiner avec quelques cabochards transphobes dans cette jungle sociale pour défendre mon droit au statut masculin, mon droit d'être, d'exister simplement.

J'ai souvent lu dans certains forums que dévoiler sa transitude: c'était devenir un individu qui perd ses droits et sa dignité sociale, ça fait peur j'avoue. Malgré tout, je me dois de le faire, j'en suis rendu à mettre à mort ce corps non désiré, il est une entrave à mon épanouissement. J'aimerais mieux mourir là, en ce moment, plutôt que d'éterniser cette vie misérable de l'être dans cette errante recherche du moi. Je n'en peux plus, je suis au bout du rouleau.

Cette œuvre de la transharmonisation, je ne la ferai pas seul. Je vais être encadré d'une équipe de spécialistes en qui j'ai confiance pour m'aider: médecin de famille, psychologue, psychiatre, endocrinologue, chirurgiens.